VOU ESPERAR A LUA VOLTAR
[pour Alan Da Silva]
Avec cette nouvelle installation, Nina Laisné s’intéresse à la responsabilité de la France dans la colonisation du Brésil et dans le pillage de ses richesses. Alors que l’on associe plutôt l’histoire du Brésil à l’impérialisme portugais, la France a pourtant été l’une des premières à s’implanter sur les côtes brésiliennes, tout d’abord avec la création de la France Antarctique en 1555 dans la baie de Guanara (actuelle Rio de Janeiro) et plus tard en 1612, avec la France Equinoxiale au nord du pays, dans la province de Maranhão. La principale ressource convoitée autant par les Français que par la couronne Portugaise était le pau-brasil, ou bois de pernambouc, arbre endémique du Brésil. Sa sève, d’un rouge sang intense, est très vite devenue l’un des pigments les plus recherchés en Europe, utilisée notamment pour la teinture des textiles. La récolte du bois précieux, principalement assurée par des esclaves d’origine Angolaises, était dictée par le cycle de la lune, afin d’en conserver toutes les qualités tinctoriales. À partir du XVIIIe, c’est aussi le pau-brasil qui deviendra l’essence de bois favorite des luthiers, dans lequel sera confectionné les meilleurs archets du monde entier. C’est durant cette période de domination européenne, qu’au sein de ces communautés Angolaises est née la capoeira, à la fois danse et chant de résistance qui s’accompagne au berimbau, un instrument rudimentaire à corde frappée.
Pour Vou esperar a lua voltar [J’attendrai que la lune revienne], Nina Laisné crée une série de 29 linogravures présentant un poème de capoeira, dans lequel le protagoniste invoque la lune pour l’aider à choisir le bois duquel il tirera son instrument. L’artiste choisit pour support un papier peint historique reprenant une peinture de Frans Post, premier Européen à représenter sur place les paysages brésiliens entre 1637 à 1644. Un vaste panoramique de nature luxuriante, reflétant le goût de l’époque pour un exotisme décomplexé, au cœur duquel apparaissent les communautés exploitées. Pour chacune des planches, Nina Laisné procède à des immersions successives dans la teinture rougeoyante jusqu’à créer une superposition de vagues, croissantes ou décroissantes suivant le rythme de la marée, qui révèlent progressivement le poème et dont le dessin rappelle étrangement les côtes du Brésil.
crédits
œuvre réalisée pour l’exposition Spectres à l’Artothèque de Pessac.
Nina Laisné
Vou esperara a lua voltar
installation composée de 29 planches de papier-peint
linogravure et trempage, 37,5 x 23 cm
conseil technique impression, Caroline Pageaud
[pour Alan Da Silva]
Avec cette nouvelle installation, Nina Laisné s’intéresse à la responsabilité de la France dans la colonisation du Brésil et dans le pillage de ses richesses. Alors que l’on associe plutôt l’histoire du Brésil à l’impérialisme portugais, la France a pourtant été l’une des premières à s’implanter sur les côtes brésiliennes, tout d’abord avec la création de la France Antarctique en 1555 dans la baie de Guanara (actuelle Rio de Janeiro) et plus tard en 1612, avec la France Equinoxiale au nord du pays, dans la province de Maranhão. La principale ressource convoitée autant par les Français que par la couronne Portugaise était le pau-brasil, ou bois de pernambouc, arbre endémique du Brésil. Sa sève, d’un rouge sang intense, est très vite devenue l’un des pigments les plus recherchés en Europe, utilisée notamment pour la teinture des textiles. La récolte du bois précieux, principalement assurée par des esclaves d’origine Angolaises, était dictée par le cycle de la lune, afin d’en conserver toutes les qualités tinctoriales. À partir du XVIIIe, c’est aussi le pau-brasil qui deviendra l’essence de bois favorite des luthiers, dans lequel sera confectionné les meilleurs archets du monde entier. C’est durant cette période de domination européenne, qu’au sein de ces communautés Angolaises est née la capoeira, à la fois danse et chant de résistance qui s’accompagne au berimbau, un instrument rudimentaire à corde frappée.
Pour Vou esperar a lua voltar [J’attendrai que la lune revienne], Nina Laisné crée une série de 29 linogravures présentant un poème de capoeira, dans lequel le protagoniste invoque la lune pour l’aider à choisir le bois duquel il tirera son instrument. L’artiste choisit pour support un papier peint historique reprenant une peinture de Frans Post, premier Européen à représenter sur place les paysages brésiliens entre 1637 à 1644. Un vaste panoramique de nature luxuriante, reflétant le goût de l’époque pour un exotisme décomplexé, au cœur duquel apparaissent les communautés exploitées. Pour chacune des planches, Nina Laisné procède à des immersions successives dans la teinture rougeoyante jusqu’à créer une superposition de vagues, croissantes ou décroissantes suivant le rythme de la marée, qui révèlent progressivement le poème et dont le dessin rappelle étrangement les côtes du Brésil.
crédits
œuvre réalisée pour l’exposition Spectres à l’Artothèque de Pessac.
Nina Laisné
Vou esperara a lua voltar
installation composée de 29 planches de papier-peint
linogravure et trempage, 37,5 x 23 cm
conseil technique impression, Caroline Pageaud
expositions
2024 Spectres, exposition individuelle, Artothèque de Pessac, France
© Nina Laisné